22,00
Présentation
en parle le 6 avril 2023 :
On ne peut que se réjouir de la nouvelle présentation du chef d’œuvre thérésien, Le Livre des miséricordes, connu davantage sous le titre de Livre de la vie, repris ici dans la traduction du Père Grégoire de Saint Joseph (1813-1891), carme, introduite et annotée par Stéphane-Marie Morgain, carme, et révisée par Jean-Claude Jaffé pour la traduction approuvée en 1948 par le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (Henri Grialou, 1894-1967). Proche de l’original thérésien, elle se base sur le texte de référence du Père Tomas Alvarez (1923-2018), grand spécialiste thérésien espagnol, en conciliant fidélité à l’original et meilleure compréhension pour le lecteur moderne. Cette nouvelle version ne se veut pas seulement actuelle dans sa traduction – « approche toujours mouvante, ligne de crête à risque pour tous les temps » (p. 29)–, mais aussi en raison de sa spiritualité féconde.
Stéphane-Marie Morgain, spécialiste du XVIIe siècle français et professeur émérite de l’Institut catholique de Toulouse, du Teresianum à Rome et de l’Institut catholique de Paris, retrace à grands traits – en introduction – l’histoire enchevêtrée de ce premier écrit de Thérèse, le plus long et le plus riche, parce que « le plus proche de la personne et de la pensée de son auteur » (p. 6). Cette narration, « clef d’interprétation de son enseignement » (p. 6), est difficile plus que tous les autres écrits à cause, tout d’abord du « ton confidentiel, presque secret du texte » (p. 8), une « autobiographie impersonnelle » destinée à un petit groupe d’amis. Difficile également en raison de son « dualisme thématique », ce dédoublement de l’argumentation à la fois narrative et biographique, mais aussi doctrinale et pédagogique. Récit et enseignement s’entrecroisent en permanence au fil du récit. Le périple aventureux de ce livre thérésien s’étend entre 1562, l’année de la première version (il y en aura beaucoup !), 1575, l’année où l’original fut confisqué par l’Inquisition et 1588, l’année de la première édition par Louis de León à Salamanque, après la mort de la Madre. Tous les aspects de cette autobiographie au succès ininterrompu depuis plus de quatre siècles sont évoqués : genèse de sa composition et de ses différentes versions, structure du livre, contenu doctrinal avec son thème majeur qu’est l’oraison au cœur du livre. L’oraison mentale pénètre aussi bien l’existence de Thérèse que la doctrine de son récit, elle a la fonction précise de « tenir la misère ouverte à la miséricorde » (p. 27). Elle exprime aussi le rapport mutuel entre les deux protagonistes – Dieu et l’âme – et le réalise. Destinée en premier lieu à un petit cercle de destinataires, ce « livre thérésien s’adresse le plus expressément à un public illimité » (p. 27). Faut-il encore souligner la chronologie détaillée de la vie de Thérèse de Jésus ainsi que la richesse des 744 notes explicatives et claires qui en facilitent la lecture ? N’oublions pas que ce Livre de la Vie a orienté vers la foi catholique sainte Edith Stein !
Christiane Meres
Autobiographie au succès ininterrompu depuis plus de 4 siècles. Ce grand classique de la spiritualité est aussi le moyen le plus direct de connaître Thérèse d’Avila. Un texte palpitant qui entraîne à la suite de la Sainte dans les profondeurs de l’amitié avec Dieu. La traduction - revue pour être au plus près de la pensée de Thérèse - a été entièrement révisée dans un français moderne. Une riche introduction reprenant tous les aspects de l’ouvrage – historique, doctrinal, composition, etc. – ainsi qu’une chronologie détaillée de la vie de la Sainte, forment un outil précieux d’initiation et de formation à l’œuvre de Thérèse. Un appareil de notes explicatives simples facilite la compréhension du lecteur.
Ce livre est celui qui a converti Edith Stein...
plus d'infos sur l'auteur:
Thérèse d'Avila (Sainte) - Éditeur : Morgain Stéphane-Marie
Première femme Docteur de l'Église
Traduction du R. P. Grégoire de Saint-Joseph, revue et corrigée par Jean-Claude Jaffé
Stéphane-Marie Morgain est carme. Professeur émérite de l'Institut catholique de Toulouse, il a enseigné l'histoire du christianisme au Teresianum (Rome) et à l'institut catholique de Paris. Spécialiste du XVIIème siècle français, ses recherches portent également sur l'histoire du Carmel et ses principales figures (Thérèse d'Avila, Jean de Jésus-Marie de San Pedro, Hyacinthe Loyson, Hermann Cohen).
Description
LA PRESSE EN PARLE :
Recenseur : Noëlle Hausman s.c.m.
,Recension parue dans la NRT 146 / 1 (2024), page : 154
La traduction du p. Grégoire de Saint-Joseph, revue et corrigée par J.-C. Jaffé, bénéficie ici de l’introduction, de la présentation et des notes du p. Stéphane-Marie Morgain. C’est donc une édition actualisée du « livre thérésien qui s’adresse le plus expressément à un public illimité » (p. 27) qu’a voulu entreprendre, avec ce premier volume, la nouvelle Collection « Sources du Carmel ». Précédé d’une chronologie thérésienne, l’ouvrage, commencé en 1562, achevé en 1565, a gardé le titre De las misericordias de Dios que la Madre lui donnait jusqu’à la fin de sa vie (p. 38). Elle y rapporte sa lutte de dix-huit ans « à vouloir traiter à la fois avec Dieu et avec le monde », et le combat des années suivantes « qui ne fut pas petit » (p. 110-111). On se passionne à nouveau pour ce récit décousu, avec les perles bien connues (« l’oraison mentale n’est à mon avis qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé », p. 112), les conseils surprenants (la personne spirituelle « fera bien de demeurer sans guide, tant qu’elle n’aura pas trouvé celui qui lui convient », p. 162), le soutien qu’elle reçut pour sa part d’un jésuite jugé médiocre par les siens (p. 272), ses protestations quand un savant dominicain voulut la détourner de sa voie de pauvreté au nom de la théologie (« je le priai de me faire grâce de sa science », p. 409)… Comme le note l’introduction, « pour la première fois, un livre parcourt à rebours le chemin de la théologie spirituelle, partant du donné singulier pour fonder une interprétation du plan divin de salut » (p. 21). Ici en effet, l’autobiographie se fait doctrinale, et la théologie spirituelle devient l’unité de mesure pour l’hagiographie. — N. Hausman